Je n’aurais jamais cru retomber en amour de sitôt. Quand ma dernière relation s’est terminée, c’est avec joie que j’ai entrevu une période de célibat et c’est réellement par choix que je suis restée seule plus d’un an; j’en parle d’ailleurs dans cet article.
Puis, j’ai commencé à voir un ami. Un gars que je connaissais depuis quelques années, mais que je n’aurais jamais imaginé voir comme présentant un potentiel amoureux. Au fil des jours et des semaines, alors que la relation évoluait, j’ai noté chez moi des élans que je n’avais eus envers personne depuis longtemps; le goût de cuisiner pour lui, de lui rendre service, de lui raconter mes journées.
J’ai même commencé à sentir se réveiller en moi un goût de stabilité, d’exclusivité. Alors que depuis plus d’un an je prêchais la liberté, voilà que j’avais l’impression d’être en train de tomber sur la tête et de trahir cette liberté qui m’était si chère.
« Ça y est, je suis en train de péter un plomb. Quelque chose ne tourne pas rond. Mais D’OÙ me viennent ces élans et ces désirs?? » Mon système d’alarme intérieur s’est déclenché : NON, je ne dois pas retomber en amour.
PAUSE.
Attends un peu. Je ne « DOIS » pas retomber en amour? Et pourquoi pas, Mélanie? Pourquoi ne pas retomber en amour?
En touchant à cet interdit qui criait fort en moi, j’ai sorti mon journal intime, mes pastels, mes ciseaux et mes techniques d’autoaccompagnement, puis j’ai plongé dans mon intérieur comme je sais si bien le faire.
Je me suis assise confortablement, j’ai fermé les yeux, je me suis imaginé en couple, puis je me suis connectée aux sensations physiques que ça créait dans mon corps. Au niveau de la gorge, j’ai senti une boule. Puis au niveau du plexus solaire, une barre bien solide qui me traversait. Entre les deux, mon souffle, coincé. J’ai découpé deux portes (à la gorge et au plexus), et j’ai joué avec; ouvre… ferme… ouvre… ferme. Qu’est-ce que je sentais, qu’y avait-il derrière chacune? J’y ai trouvé une profonde tristesse et un sévère jugement.
Autour de la tristesse j’écris :
Une GRANDE tristesse d’impermanence. De pertes, de deuils. De ne pouvoir m’appuyer sur rien, ni personne. Fugacité, instabilité… les larmes coulent.
Cette tristesse, je la reconnais. Elle me parle de mon adolescence et de cette période que j’ai nommé la première explosion. Elle me parle aussi de la crise que j’ai vécue à la fin de la vingtaine, et que j’ai vécu comme une deuxième grande explosion. Elle me parle de ma vie qui m’a enseigné, parfois brutalement, que tout est éphémère.
Puis, autour du jugement, j’écris :
Trop souvent, les gens se mettent en couple sans prendre le temps de réellement s’aligner. Par peur de solitude, par vide, par manque de sens. Je n’ai pas envie d’être de ce lot. En plus, je ne crois pas à l’exclusivité, je ne crois pas qu’une relation puisse durer dans le temps. Si ce n’est pas lui qui me trompe, ça sera moi qui le tromperai. Non pas que j’ai le désir de tromper, mais j’affirme cela en toute fatalité, désillusion, résignation. En plus, j’ai peur de la séparation, peur que ça fasse mal. Peur de perdre encore une fois quelqu’un d’important. Plus j’écris, et plus je me rapproche de la tristesse. Tel un lasso, le jugement entoure la tristesse.
En faisant cet exercice, je découvre donc une grande tristesse, bien étouffée par des jugements.
Je suis touchée par ces émotions auxquelles j’ai accès grâce au Journal créatif, et j’ai envie de leur laisser de la place, de les accueillir et de les guérir. Pour ce faire, je les reconnais, puis en continuant à avancer vers cet homme, je reste sensible au tourbillon que ça provoque dans mon corps et dans mon âme. J’avance un jour à la fois, un petit pas à la fois.
Car c’est ça, la vie, non? Un… pas… à…. la…. fois. Et ça ira. Oui, ça ira.
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