Quand je voyage seule, je fais toujours des rencontres extraordinaires, des rencontres qui m’inspirent, me percutent, me transforment. Certaines de ces rencontres s’évaporent alors que d’autres laissent une marque indélébile en moi.
Lors de mon passage au Vietnam, c’est tout d’abord Henry (nom fictif), un Hongrois de 59 ans, qui m’a touchée au cœur. Tatoué en entier, tout de jaune vêtu, une petite houppe de duvet de cheveux sur le crâne, Henry passe 5 mois par année à voyager. Il ne voyage pas en grand explorateur, non ; il choisit plutôt un endroit où se poser puis y gravite pendant quelques mois.
« La surpopulation et la pollution sont les deux plus grands problèmes de la planète ; j’ai donc choisi de ne pas avoir d’enfant et de marcher pour me déplacer. » Et pour marcher, il marche. Il parcourt des kilomètres pour éviter d’utiliser des transports. « De toute façon, j’ai le temps ! », qu’il dit. Ce qui m’a inspirée de Henry, c’est à quel point il laisse vivre la Vie en lui. Qu’il marche, prenne une bière, s’étende sur la plage ou s’assoit sur les marches d’un dépanneur pour regarder les gens passer, il parle tout seul, fait des mimiques, bouge bizarrement… un peu à la Jim Carrey. Et ça, je trouve ça inspirant. Je me souviendrai de Henry comme d’un homme profondément heureux et libéré. On se fait souvent dire de laisser faire le regard des autres… Et bien d’avoir côtoyé cet homme pendant 24h je peux dire qu’il m’a enseigné par l’exemple. Ce que j’en retiens : vis, et ne te soucie pas du reste.
VIS, et profites-en pour avoir du plaisir, parce que c’est tout ce que tu peux faire, de toute façon.
Quelques jours plus tard, c’est Miko que je rencontre. Trente ans, qui a vécu la guerre, Miko me parle du présent. « J’ai toujours voulu avoir ma propre entreprise, mais je repoussais le projet à plus tard, question de faire des choix plus responsables et rentables. Puis, j’ai vécu 5 ans de guerre dans mon pays, et quand je m’en suis sorti, j’ai décidé de partir ma business. J’ai compris que le passé n’existe pas, et que le futur n’existe pas. Alors je vis mon présent à fond. »
J’ai compris que le passé n’existe pas et que le futur n’existe pas.
On ne parle même pas ici de « ne pas avoir de contrôle » sur le passé et sur le futur, mais leur existence même est remise en question. Ça, ça m’a percutée. Ce que j’en retiens : J’ai envie de vivre mon présent de façon plus présente, consciente, engagée, connectée.
Ces rencontres, vécues à quelques jours d’intervalle, ont laissé leur marque. Elles m’ont donné le goût de laisser plus de place à ma folie, engagée dans mon présent.
Pratiquement, ça veut dire….
… arrêter mon chemin pour prendre des photos quand mon âme s’exclame, même si j’arriverai peut-être en retard à ma prochaine destination
… ouvrir la seule bouteille de vin que j’ai en réserve au moment où j’en ai envie, plutôt que de la garder « pour plus tard »
… faire un bonhomme de neige quand l’élan est là
… mettre le travail de côté pour prendre une marche avec une amie
… faire l’amour plus souvent
… donner généreusement
… aller au spa régulièrement
… danser ce qui m’habite
… être connectée, être connectée toujours plus
Concrètement, ça veut dire me permettre d’être à l’écoute réelle et entière de ce qui se passe en moi pour respecter l’élan ou le manque d’élan du moment… et faire confiance que tout ira pour le mieux.
Je suis revenue au Québec remplie de l’énergie de ces deux hommes ; quelque chose avait changé en moi. Je n’ai rien changé consciemment dans l’ordre de ma vie, mais fascinée, dans les mois qui ont suivi j’ai noté comment pour la première fois depuis longtemps, j’avais soudainement plus d’espace dans mon horaire pour profiter du moment présent et vivre connectée…
Rencontres qui réellement ont laissé une marque couleur ciel en moi. Merci ????
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