Cet article est la suite de celui intitulé « Puis j’ai découvert Jésus ».
« Mélanie, c’est le temps que tu te remettes au piano. »
*soupir* Le piano, c’est au décès de mon père que j’avais arrêté d’en jouer. Et là, alors que je passais un temps avec Dieu comme à mon habitude, je sentais qu’il m’invitait à lui faire confiance et à entrer en contact à nouveau avec cette partie sensible en moi.
C’est en me remettant au piano que j’ai vécu ma première (et seule) crise d’angoisse. L’émotion était tellement forte que je n’arrivais pas à la gérer.
En parallèle, des amis me disent : « Mel, on aimerait te connaître vraiment, voir les couleurs de ton cœur. » Je n’y comprenais rien ; ça sonnait tellement abstrait pour moi !
Puis, alors que j’écoute une chanson, je sens à nouveau que Dieu me parle (dans mon interprétation et mon vécu, Dieu me parlait souvent par les mots, que ce soit à travers des versets, des chansons ou des gens) Je la mets ici au complet, elle vaut la peine d’être lue :
Walk on the Water – Britt Nicole
You look around, staring back at you
Another wave of doubt, will it pull you under? You wonder
What if I’m overtaken? What if I never make it?
What if no one’s there? Will You hear my prayer?
When you take that first step into the unknown
You know that He won’t let you go
So what are you waiting for? What do you have to lose?
Your insecurities, they try to hold to you
But you know you’re made for more, so don’t be afraid to move
Your faith is all it takes, and you can walk on the water, too
So get out, and let your fear fall to the ground
No time to waste, don’t wait, and don’t you turn around and miss out
Everything you were made for, I know you’re not sure
So you play it safe, you try to run away
If you take that first step into the unknown
He won’t let you go
So what are you waiting for? What do you have to lose?
Your insecurities, they try to hold to you
But you know you’re made for more, so don’t be afraid to move
Your faith is all it takes, and you can walk on the water, too
Step out, even when it’s storming
Step out, even when you’re broken
Step out, even when your heart is telling you
Telling you to give up
Step out, when your hope is stolen
Step out, you can’t see where you’re going
You don’t have to be afraid
So what are you waiting, what are you waiting for?
So what are you waiting for? What do you have to lose?
Your insecurities try to hold to you
You know you’re made for more, so don’t be afraid to move
Your faith is all it takes, and you can walk on the water
Walk on the water, too
C’est à ce moment que j’ai décidé de « marcher sur l’eau », d’affronter mes craintes et d’aller voir si je ne trouvais pas quelque chose au fond de ce cœur que mes amis trouvaient inaccessible : j’ai commencé une thérapie.
Oh, cette thérapie ! Elle m’a aidé à prendre conscience de la profondeur des souffrances qui m’habitaient toujours suite à ma première grande rupture (lire mon article ici). D’ouvrir la porte à ces souvenirs a entraîné des conséquences que je n’aurais jamais imaginées. En relisant mes journaux aujourd’hui, je peux voir que j’étais habitée depuis très longtemps par une grande lourdeur et que j’avais l’impression de m’éteindre, mais je la cachais tellement bien que moi-même je n’en étais pas consciente. C’est à l’automne 2010, en faisant cette thérapie, que j’ai commencé à la voir, à la ressentir. Je vivais beaucoup de fatigue et pendant plusieurs mois, j’ai complètement arrêté de répondre au téléphone. En janvier 2011, j’ai senti l’arthrite revenir dans mon corps (j’étais en rémission depuis 2005-2006). Je savais que quelque chose n’allait pas. Moi qui adorais cuisiner, j’étais rendue incapable de penser à même planifier un repas d’avance. Je trouvais hyper lourd d’avoir à m’occuper de ma maison. On aurait dit qu’une partie de moi criait pour s’exprimer, et quelque part je me battais pour la contenir : « Mélanie, est-ce que je peux être libre ? Est-ce que tu me donnes le droit de sortir ? Pourquoi te mets-tu toutes ces limites, toutes ces règles ? Qu’est-ce que tu protèges ? » Comme elle me faisait peur ! Cette femme en moi qui criait à la liberté me faisait pressentir que si je la laissais vivre, je ne cadrerais plus dans ma vie de l’époque.
C’est à ce moment que j’ai commencé à étouffer dans ma vie. Il faisait très froid cet hiver-là, et je me souviens l’avoir passé au Lac des Nations, à en faire le tour avec des sacs chauffants dans mes bottes, essayant de retrouver ma respiration que je sentais bloquée.
J’étouffe!
J’étouffe!
J’ÉTOUFFE!
J’aimais toujours mon travail, mais je n’étais plus capable de parler de ma foi, ni de « me donner » aux autres. Je me cherchais des coins à l’université pour me cacher et pour respirer. En février, j’ai réalisé que j’étais en train de tomber en amour avec un de mes amis. MAIS J’ÉTAIS MARIÉE ET CHRÉTIENNE !! Pour moi, c’était le pire péché que je pouvais commettre, et comme j’en avais honte ! Immédiatement, j’en ai parlé à mon mari, torturée. Je me jugeais très durement, si vous saviez ! Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, je ne me reconnaissais plus. Moi qui avais une si belle vie : un si bon mari, un travail formidable, une communauté soutenante et une maison superbe, et pourtant je ne m’y retrouvais plus. J’avais l’impression d’être en train de mourir par en-dedans.
Ma solution : quitter pour me retrouver et permettre à cette Mélanie que j’avais étouffée si longtemps de vivre.
J’avais conscience que si je quittais mon travail ou si je vendais ma maison, j’allais souffrir mais je m’en remettrais. Par contre, si j’osais quitter mon mari, étant chrétienne je perdrais tout : mon travail, ma maison, ma communauté. Et en fait, je croyais que ces facteurs extérieurs n’étaient pas le problème en soi – celui-ci était plutôt au plus profond de mon être – mais je ne savais pas comment me retrouver vraiment et me permettre de vivre dans l’entièreté de celle que j’étais tout en restant dans ce cadre.
Si vous pouviez voir l’épaisseur des murs intérieurs que j’ai défoncés pour en arriver à oser me choisir ! Je savais que je serais jugée pour ces décisions, et je me jugeais moi-même tellement sévèrement déjà.
Je me souviens…
Je suis au lac, sur le terrain où j’ai grandi. C’est le printemps, la glace est presque toute fondue sur le lac et la terre est spongieuse et remplie d’eau. Je suis seule, c’est le milieu de l’après-midi, il ne fait pas trop froid dehors. C’est la tempête en moi depuis quelques mois, tout va mal. J’étouffe dans ma vie. Je ne suis plus bien dans mon mariage, je ne suis plus capable de faire mon travail – d’être là pour les gens, de parler de Jésus – et je ne m’occupe plus de la maison, qui est rendu un gros poids sur mes épaules. Je m’effondre à l’intérieur, tout est noir et chaque jour est plus noir. Je meurs par en-dedans. Aujourd’hui je suis venue ici, au lac, parce que j’ai besoin de retrouver mes racines, de comprendre ce qui ne marche pas. Je longe le bord du lac, j’observe la glace qui s’accumule en monticule à mes pieds et je fixe mon regard sur l’eau, puis sur le mont Orford qui m’a vue grandir. Ça tourne dans ma tête. Je me revois enfant, heureuse. Je passais des heures sur ma grosse roche près de l’eau à parler aux canards et aux poissons et à observer le moindre mouvement de l’eau. Il me semble que tout était connecté en moi à cette époque-là et que j’étais profondément heureuse. « T’es où Mélanie ? », que je dis à voix haute. Je pleure. Il faut que je retrouve cette petite fille-là en moi. « T’es où ? »
C’est à ce moment-là que je sais que c’est aujourd’hui que ça se passe : en rentrant à Lennoxville, je vais dire à mon mari que c’est fini. Je dois partir pour me retrouver.
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