Émancipation

Émancipation

Croire en soi dans la déstructure. Croire en moi, croire en moi dans l’effondrement, dans l’explosion de mes contours, dans l’assouplissement de ma rigidité. Comment remplir ma vie de moi, comment me permettre d’exister alors que je suis mon propre geôlier ? Je veux lâcher prise, je veux tomber en amour avec ma vie, tomber en amour avec ce que je suis. Mon prénom, Mélanie, signifie « noir ». Je n’ai jamais aimé cette signification qui ne me ressemblait pas selon moi. Mon ex-mari me taquinait en me disant que noir était en fait la couleur de mon cœur. J’en ai bien ri jusqu’au jour où, au plus profond de ma tempête, quand comme la tornade j’ai tout détruit sur mon passage, je me suis dit que quelque part il devait avoir raison. J’ai vu l’ombre en moi et je me suis rencontrée face à face. Aujourd’hui je comprends que cette tornade libère de l’attachement, régularise, détruit le construit de l’homme et crée de l’espace pour que quelque chose de nouveau puisse naître. Oui, je suis cette tornade et je suis aussi ce quelque chose à naître, en train de naître. Ce que j’étais n’était en effet qu’une construction d’homme et d’institution, de bonnes valeurs vécues par peur d’être réprimandée. Maintenant que cette belle façade a éclaté en morceaux, je veux croire en ce que je suis au plus profond de moi-même, au-delà des actes qui semblent trahir mes valeurs. Je veux trouver ma vraie couleur.

Simone Pacot, dans son livre L’évangélisation des profondeurs, dit ceci :

« YHWH dit à Abram : Pars, de ta terre, de ton enfantement, de la maison de ton père, vers la terre que je te ferai voir. La terre que « je » ferai voir à toi, la terre du « je-tu ». Abram est donc appelé à quitter le pays de son père, sa tribu, à une époque où cela paraissait impensable, pour aller vers sa propre terre intérieure, son « je », son identité qu’il doit différencier de celle de son père et de celle de sa mère. Il obéit à cette voix et entreprend ce chemin intérieur au cours duquel il devient véritablement lui-même, reçoit son véritable nom, Abraham, et du même coup devient fécond. (…) Saraï, son épouse, est appelée au même cheminement. Dieu dit à Abraham : tu n’appelleras plus ta femme Saraï du nom de Saraï, car elle aura pour nom Sara. Je la bénirai et même je te donnerai par elle un fils. Telle est la promesse de Dieu. Ainsi Saraï change de nom, ce qui signifie que Dieu l’établit dans sa véritable identité. Elle était la princesse de son père (la lettre hébraïque ï indiquant le possessif). Elle devient Sara libre, non mélangée, capable de quitter sa condition de dépendance.» (Pacot, 1997 : 83)

Aller vers ma terre intérieure, vers mon je, à la recherche de mon nom. Quelle mission ! Me tenir droite au cœur de mes doutes, me tenir ferme devant le désaccord, me responsabiliser pour ma vie et laisser l’autre être responsable de la sienne, oser dessiner qui je suis. Accepter que le je d’avant est mort pour laisser la place à un je plus authentique. Lever les yeux et me regarder en face, avoir le courage de plonger dans le tourbillon de mon âme.

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