Je suis rentrée de voyage il y a environ 10 jours.
Déjà 10 jours, et je cherche encore à atterrir. Assise à table, je mange mon repas de façon un peu mécanique, quand mon conjoint me demande comment je vais. Je fonds en larmes.
Ça ne va pas !
Je suis rentrée et c’était Noël, puis ma fête, puis le Jour de l’An, alors pas le temps de me questionner sur ma vie, mais maintenant que les fêtes sont derrière moi, je réalise à quel point je ne suis toujours pas atterrie et comment je n’en ai en fait même pas envie.
J’ai de la difficulté à me remettre dans mon travail, j’ai la libido à plat, j’ai envie de dormir et je n’ai même pas le goût de danser, moi qui en raffole presqu’autant que du chocolat (c’est pour dire !).
Je me sens perdue dans ma vie, plongée dans le non désir d’être ici. J’ai l’impression que ça y est, c’est le temps que j’abandonne tout pour voyager à temps plein. Après tout, je me sens vivre en voyage, non ?
Puis, lors d’un moment de grâce, je me rappelle qu’à mon retour d’une année au Mexique, j’avais vécu la même chose.
Je suis en choc culturel inversé… et je sais que ça va passer.
Quand je pars 2 semaines, ça va, mais quand je dépasse les 4 semaines, ça me le fait à tout coup. Comme si ce temps suffisait à sortir de la terre mes racines pourtant bien heureuses au Québec.
Voilà qu’à mon retour, j’ai l’impression de retrouver un pot trop petit pour ma vie intérieure, qui me demande plutôt une planète entière pour retrouver ses aises.
Mes repères habituels ne me sécurisent plus, les projets restés en suspens ne m’animent plus, l’écho de ce qui me faisait vibrer ne fait que se perdre dans l’immensité du vide silencieux qui m’habite.
Sortir mon journal. Écrire, dessiner et coller pour réunifier les parties morcelées de moi, pour faire du sens de mon chaos intérieur, pour exister à nouveau, pour tenter de reconnecter avec la Vie en moi. Écrire, dessiner et coller sans réfléchir, exprimer mes émotions, les accueillir, les voir, les entendre.
Être à l’écoute de mes élans dans le vif du moment et leur donner l’espace pour naître : aller marcher dans la tempête, me lever sans cadran, écouter un film puis un deuxième, appeler une amie, cuisiner, m’entrainer, etc. M’accueillir totalement et laisser faire les « je devrais ».
Exprimer à mes amis proches où j’en suis, comment ça ne va pas ces temps-ci et accepter de me rendre (un peu) vulnérable. Accueillir leurs câlins et attentions, être reconnaissante pour leur écoute.
Reconnaitre et honorer que oui, j’ai changé. Cela veut peut-être dire d’intégrer de nouveaux éléments à ma routine quotidienne, changer mes habitudes de consommation, affirmer… m’affirmer ma nouvelle façon de voir et de comprendre le monde. Avec certaines de mes relations, avoir une bonne discussion pour redéfinir mes besoins, désirs et attentes.
M’offrir de la douceur en acceptant que je ne suis pas tout à fait comme avant et pour le moment pas aussi efficace que d’habitude… laisser le temps faire son œuvre.
Combien de temps je resterai dans cet espace d’inconfort ? Je ne sais pas. C’est différent à chaque fois. Pour mieux m’accompagner, je le prendrai donc un moment à la fois, plongée du mieux que je peux dans la fugacité de l’instant présent.
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